Luttes Sociales – Avril 2020

21 Avr 2020

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Pendant la pandémie le service public continue

Depuis le 16 mars la France et donc la SNCF sont entrées en pleine phase de confinement.

Face à cette situation inédite, le gouvernement et la direction de la SNCF ont fait le choix de maintenir des circulations ferroviaires. Environ 7% des TGV, 15% des TER, 25% des Transilien et 60% du Fret. Au total chaque jour 15.000 cheminots travaillent sur le terrain afin de faire circuler 3000 trains.

Faire circuler des trains, même de façon très réduite, nécessite qu’un important travail en matière de prévention des risques soit fait tant vis-à-vis des cheminots que des voyageurs.

Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il aura fallu tordre le bras de la direction afin qu’elle ne nous envoie pas au casse pipe. Sans un Droit d’Alerte SUD-Rail/CGT sur PSE et la pression d’un éventuel massif droit de retrait des ADC de PSE, nous n’aurions jamais eu aussi rapidement la distribution de gel hydroalcoolique, cela montre comment la direction n’avait pas pris, ou ne voulait pas prendre, la mesure de la gravité de l’épidémie pour ses salariés.

Il aura fallu de nombreux droits d’alerte, réunions nationales, CSSCT régionaux et réunions RPX d’établissements pour qu’enfin la direction prenne conscience réellement des risques et mette en place des mesures. Gestes barrières, postes temporairement supprimés, nettoyage des trains et cabines, bureaux et ateliers, équipement des agents continuant de travailler sur le terrain, télétravail.

En effet de très nombreuses mesures ont été mises en place. La dernière étant la mise en place de masques pour les cheminots obtenue par les pressions quotidiennes exercées par SUD-Rail au plus haut niveau de l’entreprise.

Ironie de l’histoire, l’année où les premières circulations ferroviaires nationales privées devaient entrer sur le marché (circulation des premiers TGV Thello au mois de juin) correspond avec le moment où l’on aura jamais autant eu besoin du service public ferroviaire.

En effet là où le secteur privé a été incapable d’assurer la circulation des trains dans le respect des règles sanitaires de ses agents comme de ses voyageurs, là où la logique de marché a poussé la compagnie Thello à supprimer tous ses trains internationaux jusqu’au 30 mai et repousser la circulation de ses TGV à la fin de l’année 2020, là où Flixtrain jette déjà l’éponge, la SNCF continue ses missions.

De part son envergure nationale, la qualité des ses services, le poids de ses syndicats qui a contraint la direction à mettre en place les mesures de santé publique nécessaires et surtout le professionnalisme de ses cheminots, la SNCF et ses salariés font la démonstration concrète, auprès de l’ensemble de nos concitoyens, de leur utilité publique.

En responsabilité sur la région, notre syndicat a donc développé deux axes stratégiques.

Le premier et plus important : être intransigeant sur les conditions sanitaires d’exercice des métiers de cheminots dans ces conditions particulières, cela a été un combat acharné.

Le deuxième : démontrer à tous, au gouvernement, aux élus régionaux, mais surtout à la population que la SNCF, dans un contexte d’ouverture à la concurrence reste là, solide, forte, prête à mettre en place son expérience afin de faire circuler des trains sanitaires et de permettre le déplacement des professionnels de la santé et des travailleurs.

Pour que le jour d’après ne rime pas avec le dernier jour

Le gouvernement a fait le choix du déconfinement à partir du 11 mai. Par conséquent d’ici quelques semaines des milliers de voyageurs vont retrouver le chemin des trains et des gares. Des milliers de cheminots vont donc également reprendre une activité professionnelle presque normale.

Arrêter le confinement sans avoir les moyens d’y faire face est une mesure irresponsable pour laquelle le gouvernement devra rendre des comptes.

Pour autant , nous devons nous y préparer afin que ces conditions se fassent en toute sécurité et dans le respect des gestes barrières. Maintien du télétravail pour certains, dotation individuelle et plan de charge adapté aux effectifs pour d’autres, nous devons nous préparer. Sans ces mesures, reprendre massivement le travail serait irresponsable.

Par ailleurs si les gestes barrières (soit 1 mètre de distance) devaient être maintenus chez les voyageurs, seulement 20% de ceux-ci pourraient se déplacer en IDF, rendant vite les routes complètement saturées. Ce serait par ailleurs un recul écologique et de sécurité publique historique que le grand gagnant de la pandémie soit la voiture individuelle.

Le gouvernement ferait à priori le choix d’imposer le masque à tous les voyageurs , et ce , dans l’ensemble de nos emprises ferroviaires. Le problème est qu’aujourd’hui ces millions de masques n’existent pas. Pour certains cheminots , des masques FFP2 doivent également être donnés. Du gel hydroalcoolique doit être à disposition de tous dans les gares, les bureaux, les ateliers et enfin les trains.

Pendant les mois de reprise du trafic, d’importantes mesures doivent être mises en place. Seul le gouvernement a les moyens de distribuer massivement des masques aux voyageurs, c’est donc à lui qu’incombe cette responsabilité, dans la mesure où c’est lui qui a fixé au 11 mai la fin du confinement.

Par ailleurs, il est complètement injuste d’avoir imposé 5 jours de RTT aux cheminots alors même que ceux-ci étaient au front, en deuxième ligne, lors de la pandémie. Il serait également irresponsable que la direction de la SNCF profite du contexte de crise du coronavirus afin d’imposer d’autres reculs sociaux.

Si d’aventure cela devait être le choix de notre direction, nous prendrions nos responsabilités.

Réforme des retraites : Et si nous avions gagné !

Le 12 mars lors de son allocution TV, le président a suspendu temporairement la réforme des retraites. Un mois plus tard, Gilles Le Gendre, le président du groupe LREM à l’AN évoquait la mise de côté de la réforme des retraites. Cela pose donc une question centrale: Et si finalement, nous avions gagné sur le sujet avec la réforme des retraites définitivement abandonnée.

Il est vrai que cette réforme a connu une opposition sociale particulièrement importante cet hiver et malgré toutes les tentatives de communication, le gouvernement n’aura jamais réussi à la rendre populaire. En effet, un récent sondage du mois d’avril confirme une tendance constante depuis des mois, plus de 60% des français réclament le retrait pur et simple de cette réforme des retraites.

L’avenir nous dira très vite si ce retrait n’est que temporaire, on a tout de même du mal à croire que le gouvernement reviendrait à l’automne dessus, pour imposer une réforme dont les infirmières, les cheminots, les agents de la RATP, les éboueurs, les caissières de supermarché, enfin tous ceux qui depuis le début de la pandémie se donnent à fond afin de faire tourner la société, seraient les principales victimes.

Cette victoire si elle venait à se confirmer serait bien notre victoire. En effet, s’il y a une bataille que nous avons gagnée depuis longtemps, c’est la bataille de l’opinion publique. Cette victoire, rend aujourd’hui la réforme des retraites impensable au risque de remettre dans la rue des centaines de milliers de salariés qui, aux yeux de la population, sont devenus les nouveaux héros de la société.

L’avenir nous dira rapidement ce qu’il en sera, quoiqu’il en soit SUD-Rail félicite d’ores et déjà tous les salariés qui par leur mobilisation auront peut être permis l’une des victoires sociales les plus importantes depuis 1995.

Vers la renationalisation du chemin de fer anglais ?

Il existe plus d’une vingtaine d’opérateurs ferroviaires de trains de voyageurs en GB. Dernièrement, deux lignes viennent d’être renationalisées suite à l’incapacité des opérateurs privés de gérer les circulations ferroviaires, toutes les autres sont gérées soit par des filiales d’entreprises publiques européennes ou des compagnies de bus reconverties en opérateur ferroviaire. Kéolis pour la SNCF, Arriva pour la DB se partagent les plus importantes franchises.

Dès le début de la crise et face à la chute drastique du trafic ferroviaire, le gouvernement britannique a repris en main l’ensemble des circulations ferroviaires en suspendant leur contrat pendant 6 mois et en reprenant l’ensemble de leur dette.

Cette mise sous tutelle temporaire ressemble à s’y méprendre à ce qui pourrait rapidement devenir une renationalisation massive du système ferroviaire anglais. Il faut dire que les déboires des compagnies privées font régulièrement les Unes médiatiques, au point qu’une très grande majorité des anglais, 25 ans après la privatisation de leur chemin de fer , réclame sa renationalisation.

Cette mise sous tutelle et tous les sondages d’opinion favorables à une renationalisation des chemins de fer anglais sont une démonstration évidente de l’incapacité du secteur privé à gérer le ferroviaire au quotidien et en situation de crise.

Nous sommes d’ailleurs en droit de nous demander comment la crise aurait été gérée en France si le ferroviaire était découpé en une multitude de petites compagnies ferroviaires privées comme veut nous l’imposer l’actuel gouvernement et certains conseils régionaux.

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