Une retraite au moins à 1 000 euros ?
La pension minimum à 1 000 € (85 % du Smic net, légè-
rement inférieur au seuil de pauvreté) est inscrite dans
la loi depuis 2003 et fait partie des promesses présiden-
tielles du Président Emmanuel Macron, réaffirmée lors
de son allocution du 12 juillet dernier … encore une qui
ne sera pas tenue sous ce quinquennat, tout comme
celle de préservation du pouvoir d’achat des retraité-es.
Pourtant, elle concernerait très peu de monde.
Le rapport Turquois-Causse remis au gouvernement le
10 mai (à consulter en cliquant ici) comporte des infor-
mations intéressantes, il s’appuie sur une étude de la
CNAV, donc sans tenir compte des fonctionnaires.
La pension brute inférieure à 1 000 euros concerne
une minorité : 5,7 millions de retraité-es, soit 37 %
d’entre eux parmi les 15,5 millions … et seulement 3,4
millions (22 %) en prenant en compte les pensions de
réversion et les carrières à l’étranger. Près des trois
quarts (74 %) des personnes concernées sont des fem-
mes, à cause des enfants (longues périodes d’inactivité
pour les garder, temps partiels prolongés).
Un tiers des petites pensions, soit 1,8 million de
retraité-es, ont pourtant une carrière complète ou
quasi complète (plus de trente années de cotisation).
C’est-à-dire que 12 % de l’ensemble des retraités ont
une pension entre 700 et 800 euros, inférieure à l’allo-
cation de solidarité aux personnes âgées (Aspa) ! Un
scandale, toute une vie de travail se termine par rece-
voir une allocation !
Ce minimum, actuellement de 705,36 euros, con-
cerne 875 000 personnes, soit près de 6 % de
l’ensemble des retraités, essentiellement des person-
nes ayant eu des temps partiels prolongés (à 83 % des
femmes), donc des salaires faibles. Ces personnes
bénéficieraient d’une augmentation moyenne de
163 €, ce qui aurait un coût annuel de 2,1 milliards €.
Le rapport chiffre aussi l’attribution de 1 000 € uni-
quement aux nouveaux retraité-es, soit 51 700 per-
sonnes (8 % des nouveaux retraités) qui auraient un
gain moyen mensuel de 46 euros, pour un coût de 54
millions d’euros en 2025.
Le minimum contributif « mico »
Les retraité-es du privé, ayant cotisé tous leurs
trimestres ou ayant atteint l’âge d’annulation de
la décote, en bénéficient automatiquement. Fin
2020, près de 5 millions de retraités du régime
général en bénéficiaient, soit un tiers des retraités
de ce régime ! Il s’élève à 645,50 euros par mois
(ou en proportion pour les personnes qui n’ont
pas travaillé entièrement au régime général). Il est
majoré de 59,86 euros lorsque la durée de cotisa-
tion est d’au moins 120 trimestres au régime géné-
ral, soit un total 705,35 euros par mois. Ce
« mico » est diminué si la pension globale (base +
complémentaire) dépasse 1 203 euros par mois.
Avec ce complément, une personne ayant cotisé
toute sa vie juste au niveau permettant de valider
l’ensemble de ses trimestres a actuellement une
pension de l’ordre de 815 euros nets par mois si
elle a été salariée, de 730 euros si elle a été com-
merçante, de 890 euros si elle a été exploitant agri-
cole. C’est moins que le minimum vieillesse,
revalorisé à 900 euros par mois en janvier 2020 !
Amiante : indemnisation pour « préjudice d’anxiété »
Attribuée en 2010 mais réservée jusqu’en 2019 aux
travailleurs de l’amiante, le préjudice d’anxiété permet
d’indemniser les personnes qui ne sont pas malades
mais redoutent de tomber malade.
Le combat judiciaire des anciennes « gueules noires
» de Lorraine a commencé en 2013 devant les
prud’hommes de Forbach, appuyé par des manifesta-
tions. Déboutées en 2017, la Cour de cassation a pris
en compte en 2019 l’exposition à toutes les substances
toxiques, alors que ce préjudice n’était reconnu jus-
que-là que pour les travailleurs de l’amiante.
Il était temps, depuis le début de la procédure en
2013, 320 maladies professionnelles (des cancers et
des silicoses) ont été reconnues parmi les 727 plai-
gnants.
Après huit ans de procédure, l’État a versé 10 000
euros à chacun des 727 mineurs de charbon lorrains.
Retraites en Serbie : 250 euros par mois
Selon la Caisse de retraite et d’assurance invalidité de Serbie, plus
d’un million de retraités, soit 62% de tous les retraités en Serbie, tou-
chent moins de 250 euros de pension mensuelle, soit deux fois moins
que le salaire moyen de 550 euros. Et plus de 300 000 d’entre eux sur-
vivent avec 125 euros chaque mois.
Et ceux qui n’ont pas droit à la retraite, plus de 100 000 personnes
âgées, doivent se débrouiller sans rien, le minimum retraite n’existe
pas, alors que la majorité des pays voisins ont un minimum retraite.
En mai 2021, le ministre de la Ruralité a promis l’instauration d’une
pension minimum d’environ 100 euros pour les plus de 65 ans n’ayant
pas assez cotisé.
Les retraité-es espagnols dans l’action
Les retraité-es d’Espagne invitent les organisations européennes du
Réseau Syndical International des Solidarités et Luttes à participer
aux mobilisations prévues par la COESPE, la Coordination Nationale
pour la Défense du Régime Public des Retraites :
- Une caravane de 160 personnes dans 40 véhicules part du Pays Bas-
que et fait escale à Paris le 27 septembre dans l’après-midi. - En coordination avec des camarades belges, elle se rendra à Bruxel-
les le 28 septembre pour présenter les revendications au Parlement
européen.
- Toutes les organisations européennes du Réseau avec la présence de
retraité·es sont invitées à leur mobilisation nationale le 16 octobre.
Les retraites espagnoles
attaquées
Les retraité-es de la CGT espagnole,
membre du Réseau syndical interna-
tional de solidarité et de luttes comme
Solidaires, nous informent des consé-
quences du « Pacte de Tolède » de
1995 qui a séparé les sources de finan-
cement des pensions (les cotisations)
de celles des autres dépenses (Budget
général de l’État).
Ce simple artifice comptable, dans un
contexte de chômage, de faibles salai-
res, de baisse des cotisations des entre-
prises, génère un déficit de la Sécurité
sociale et crée les conditions politiques
et juridiques d’accès plus difficile à la
retraite, de baisse des pensions, de
remise en cause du système public par
répartition pour en privatiser une par-
tie. La « dette comptable » de la Sécu-
rité sociale de 1974 à 2017 s’élève à
800 000 millions d’euros.
Le communiqué de la CGT argu-
mente : « la dette ou le déficit est un
mensonge, car les impôts, tous les
impôts, ont l’obligation politique et
légale de payer les pensions. Il est anti-
social de prétendre qu’il incombe aux
seuls travailleurs de maintenir le sys-
tème public de retraite, en particulier
lorsque l’on constate une détérioration
croissante du travail et des salaires ».
La Coordination des retraités de la
CGT Espagne défend une retraite
solidaire par répartition car les res-
sources et les richesses peuvent payer
les retraites, celles d’aujourd’hui et cel-
les des générations futures.
Voir le communiqué en entier en cli-
quant ici.
Rapport saignant de la Cour des comptes
sur la recherche sur la Covid
La Cour des comptes ne peut être taxée de gauchisme, mais son
« audit flash » qui porte sur les douze premiers mois de l’épidémie
et annonce pour cet automne un rapport plus complet sur la
recherche publique en infectiologie est sanglant :
Faibles financements : en un an, 502 millions d’euros en France
(530 millions avec les fonds européens), 3 fois moins que l’Alle-
magne et le Royaume-Uni, 20 fois moins que les États-Unis.
Saupoudrage des moyens et dilution dans une multitude de
canaux, provoquant des doublons et ne permettant pas une straté-
gie globale et lisible.
Absence de « patron » chapeautant les nombreux centres de déci-
sion, administratifs ou comitologiques, ce qui a privé d’un vérita-
ble pouvoir de régulation des priorités et des financements
Pas assez de priorités ce qui a laissé la recherche s’embourber
dans un monceau d’essais thérapeutiques et cliniques parfois
redondants (350 en juillet), a asséché le vivier de patients volon-
taires. Seulement 20 millions d’euros ont été alloués à la recherche
vaccinale, ce qui explique en partie l’absence de vaccin français.
La Cour souhaite qu’une priorité soit accordée à la recherche fon-
damentale en biologie et en santé, critiquant de fait la politique de
baisse de 28 % des crédits entre 2011 et 2018 (l’Allemagne dépense
deux fois plus).
Mobilisation des retraitées
le 1er octobre 2021
Cette journée internationale des
personnes âgées ne doit pas por-
ter que l’officiel vœu d’un
meilleur regard sur les person-
nes âgées : le groupe des Neuf
organisations de retraité·es
appelle à la mobilisation pour
le pouvoir d’achat, la santé, les
services publics dont un service
public de l’autonomie.