Le 1er juin 2022, 4 nouvelles circulations auront lieu sur l’axe Paris/Lyon, opérées par la compagnie Trenitalia.
Après 5 circulations en décembre 2021 et 2 circulations en avril 2022, nous serons donc à 11 TGV exploités sur
le réseau français. Trenitalia est le premier et seul opérateur concurrent de la SNCF depuis l’ouverture du marché
de la grande vitesse en décembre 2019. Lors de la loi ferroviaire de 2018, SUD-Rail avait déjà alerté sur les prises
de positions dangereuses des libéraux du secteur notamment sur les « avantages concurrentiels » qui seraient
systématiquement accordés aux nouveaux opérateurs pour « faire le marché » et développer la concurrence.
Initialement prévu à hauteur de 10% de la facture sillon, on découvre aujourd’hui que le rabais est bien plus
important et les autres avantages aussi.
Le prix des sillons, c’est ce qui coûte le plus chère dans l’exploitation des TGV (près de la moitié du prix du billet). En effet, la
France a le prix du sillon le plus cher d’Europe (3 fois plus chère qu’en Italie). Conscient du prix de ses sillons, l’État et SNCF
Réseau ont donc décidé, pour « stimuler la concurrence » de faire bénéficier Trenitalia de réductions sur les prix des sillons
pendant 3 ans : –37% la première année, –16% la seconde et –8% la troisième. Certains peuvent nous baratiner sur les
prix plus attractifs de Trenitalia par rapport au TGV SNCF, encore faudrait-il que cette entreprise paye les mêmes charges
fixes que la SNCF, ce qui ne sera pas le cas !
Comme si le cadeau initial n’était pas suffisant, Trenitalia bénéficie d’un deuxième cadeau de taille. En effet depuis la
loi de 2018, 60% des bénéfices de SNCF Voyageurs doivent obligatoirement financer un fond de « concours » qui
alimente directement SNCF Réseau. Le but est de financer les travaux de régénération et les investissements pour le
réseau ferroviaire. Le groupe SNCF est d’ailleurs objectivé par l’État, sur ses bénéfices et donc sur ce fond de concours,
ce sont donc plusieurs centaines de millions d’euros par an qui sont ainsi sortis des comptes
de SNCF Voyageurs. Or là où 60% des bénéfices de la SNCF financent le réseau, Trenitalia
et les autres concurrents ne financent pas ce fond de concours ! En effet aucune entreprise
privée ne serait suffisamment bête pour consacrer plus de la moitié de ses profits au bien
commun du ferroviaire, c’est-à-dire au financement de l’infrastructure.
Par conséquent 100% des bénéfices de Trenitalia et des autres concurrents retournent …
droit dans leurs poches ! À l’arrivée, la SNCF paye plein pot les péages et le fond de
concours… pour aider à faire circuler les trains du privé…c’est tellement gros qu’on
aurait presque du mal à y croire !
Après 7 ans de gel des salaires dans l’entreprise historique SNCF et des niveaux de salaires traditionnellement plus bas pour
soi-disant financer les « avantages » cheminots (FC, Régime spécial…). Avec l’ensemble de ces cadeaux financiers
représentant plusieurs centaines millions d’euros, le privé peut sans problème s’aligner sur les rémunérations de la SNCF.
En revanche, c’est bel et bien sur les conditions de travail qu’il bénéficie d’un 3ème cadeau. En appliquant strictement l’accord
de branche sur l’organisation du temps de travail, les patrons du ferroviaire se sont octroyés un avantage supplémentaire sur
le dos des travailleurs du rail…Et c’est bel et bien sur ce point, celui de nos conditions de travail, que nos dirigeants veulent
aussi en croquer et ont décidé de filialiser systématiquement d’abord le TER, et après le reste ! Ceux qui, à l’époque, ont validé
ou laisser passer ce texte sans en redemander la négociation portent une grande responsabilité dans le processus de
filialisation en cours ! Dans tous les cas, l’application stricte, sans accord d’entreprise, de l’accord sur l’organisation
du travail permet encore (selon les chiffres fournis) aux patrons de gagner près de 20% de productivité !